Je ne prétends pas raconter la vérité,
Rafael et Roger s'appartiennent à eux-même, je ne gagne que dale avec ce texte, si ce n'est du plaisir x)
C'est un OS
Is this all too familiar?
Does it happen all the time?
Le manque de lumière le déstabilisait. Mais il savait que c'était finit. Il le sentait, au plus profond de lui-même, ça ne servirait plus à rien de continuer. Il avait perdu au moment même où il avait posé ses pieds sur ce cours. Bien plus tôt même... en arrivant ce jour-là sur place, quand il avait croisé son regard, c'était terminé. Il avait sourit, comme toujours. Ils s'étaient serrés la main, comme toujours. Son oncle l'avait emmené dans un lieu calme... comme toujours. Ils n'avaient jamais le temps de s'échanger de véritables mots, de vraies phrases que des gens civilisés se disent en se croisant. Pourtant ils n'étaient pas des étrangers... les meilleurs adversaires, les meilleurs ennemis.
Les meilleurs, ça suffisait.
Il en avait prit l'habitude.
Mais quelque chose était différent, et il l'avait compris à la première balle qu'ils s'échangèrent. A chaque coup, il sentait que ce n'était pas comme à son habitude.
La posture.
La force.
Les cris.
Le regard.
Sa façon de le regarder...
Lorsque la nuit était tombée sur le cours, il ne le voyait plus. Il ne voyait plus la balle, ni le terrain. Plus rien n'existait... les flashs du public insolents, rien d'autre... Le bruit de la balle contre la raquette, le rebond, le retour... le filet qui tremble et la foule qui hurle.
Tout était définitivement différent.
Il le distinguait à peine. Il était par terre. Oui, il pouvait en être fier. Non, il n'était pas obligé de le montrer ainsi.
Ils se serrèrent à nouveau la main, au dessus de ce traitre de filet qui avait brisé son règne.
Oui, il pouvait aller remercier sa famille en escaladant les gradins. Non, pas devant lui.
Il devait retenir ses larmes, sa neutralité devait rester à tout prix. Il savait que s'il cèderait, ce ne serait pas la tristesse qui ressortirait, mais la rage. Tout garder, il devait s'efforcer, encore quelques minutes... Il n'avait qu'à attendre la remise des prix.
C'était beaucoup trop long... Pourquoi tous ces flashs étaient-ils si aveuglant ? Comment se faisait-il que le plateau d'argent était beaucoup moins brillant que les années précédentes ? Et la coupe... pourquoi n'était-elle pas dans ses mains ?
Il avait perdu... ce tournoi l'avait vu naître et mourir à la fois.
Non, il n'était pas mort... il le félicitait de l'avoir vaincu. Ses sanglots étreignant férocement sa gorge.
Oui, il n'était pas mort... son meilleur adversaire faisait son éloge, joueur d'exception, numéro un mondial. Tout le monde s'en foutait, en ce début d'année, il était loin, très loin, beaucoup trop loin de ses combats.
S'il avait su il n'aurait pas fait autant d'écart, il n'aurait pas embrassé les premiers venus, il n'aurait pas eut cette mononucléose. Il serait resté le meilleur.
Il avait froid... il faisait froid, et nuit. Qu'est-ce qu'il faisait encore ici ? Ah oui, il devait reculer, on ne prend que le vainqueur en photo. Il n'y a que le gagnant qui a le droit d'embrasser, mordre, tripoter la coupe d'or. Ce n'était pas lui... mais à cause de qui... ?
Son masque n'avait pas encore été retiré, encore quelques secondes et il serait seul. Encore un peu de temps avant qu'il ne puisse se changer, se laver de cette énième perte face à son dauphin.
Son dauphin ? L'élève avait dépassé le maître. Doublé même. Il était véritablement loin derrière. Affaiblit... épuisé de ne rien montrer, fatigué de ne pas être lui-même. Il avait choisit ce mode de vie. Il ne voulait plus avoir de saute d'humeur au point de ne plus rien ressentir. Joie, bonheur, perte, manque, tristesse, tout avait le même goût depuis trop longtemps.
C'était la fois de trop. Il devait réagir s'il ne voulait pas mourir de l'intérieur. Il savait que ça finirait par arriver s'il ne bougeait pas. Mais c'était trop tard. Il n'allait pas hurler trois quarts d'heure après sa défaite...
Le bruissement du linge qu'il retirait agaça ses sens. Ses vêtements jonchaient à présent le sol. Avait-il bien fait de venir seul ? S'il avait gagné, il n'aurait pas pu imiter son rival. Grimper pour remercier son coach et sa famille, puisqu'il n'était venu qu'en compagnie d'une femme...
sa compagne.
L'eau était froide quand il ouvrit celle de la douche. Il frissonna. Oui, il avait besoin de refroidir ses pensées. Non, ce n'était pas la meilleure solution. Ses mains se posèrent sur le carrelage face à lui... puis son visage s'en rapprocha. Ses doigts se plièrent, lentement. Son front se colla contre le mur. Il ferma les yeux, pencha la tête pour laisser l'eau couler complètement le long de son dos.
Personne ne le verrait... ses lèvres tremblèrent alors qu'un liquide légèrement salé coulait le long de ses joues. Les traits joignirent les coins de sa bouche et ses sanglots déchirèrent le silence. Son genoux gauche cogna brutalement le sol où il se recroquevilla tout contre le mur.
Oui, il pleurait, sa peine se déversait à vive allure. Non, personne ne viendrait le consoler. Il le savait, c'est ce qui rendait son moment encore plus amer. Beaucoup plus pénible. Alors il hurla, frappant le carrelage qui n'avait fait que le soutenir, sans que ses larmes ne cessent de se déverser, sans que l'eau n'arrête son nettoyage.
Pourtant il le savait, il devait se relever. Il avait promis de ne pas s'arrêter. Se venger ? Non, reprendre sa place. Du moins, la conserver. Il redressa son visage pour laisser l'eau couler, effacer les traces de sa perte de contrôle. Il soupira. Rien n'était perdu, rien n'était terminé. Il était le roi, il devait le prouver. Ses poings se serrèrent alors qu'il se relevait, animé d'une nouvelle force.
Il fallait qu'il le montre au monde entier. Il se sentait à nouveau motivé... jusqu'à ce qu'il entende le bruit familier des pas d'un homme. Des chaussures qui grinçaient sur le sol, des chaussures de sport.
Il ferma le robinet d'eau et sursauta lorsqu'il entendit un bruit sourd. Un coup contre un casier. Plusieurs coups même, suivit d'un râle qu'il ne connaissait que trop bien.
Rafael était entré dans les vestiaires.
Rafael, la raison de sa perte de contrôle était là. Et il semblait aussi ne pas être au meilleur de sa forme.
Il attrapa sa serviette pour s'essuyer correctement mais rapidement avant de l'enrouler autour de sa taille. Il se rendit vers les casiers, inspirant fortement et s'éclaircit la gorge en arrivant face à son meilleur ennemi.
A genoux devant son casier, ses poings encore contre la paroi victime de ses coups, Rafael le regardait avec un air intimidé, inférieur. Il baissa rapidement ses yeux pour les poser sur son casier. Il avait cru qu'il se retrouverait seul, mais il se sentit idiot en voyant les vêtements du suisse sur le sol. Il s'en voulait, vraiment. Il était heureux, il l'avait battu dans son jardin. Son tournoi... son tennis n'avait pas évolué pour rien, il ne s'était pas entraîné dans le vide. Son apprentissage avait atteint son but. Il n'était pas encore le numéro un, mais il savait qu'aux yeux du monde, il l'était.
Il avait honte d'être si heureux alors qu'il avait presque ridiculisé à deux reprises son adversaire. Lui voler son trophée, c'était comme lui voler son titre. Il ne pouvait s'empêcher de culpabiliser de voir l’helvète aussi attristé. C'était entièrement de sa faute s'ils étaient dans cette situation, il aurait pu perdre et faire comme d'habitude. Le féliciter ouvertement, lui sourire chaleureusement, le prendre dans ses bras alors qu'il était encore ému de sa victoire.
Mais non, son oncle voulait que ça change, il en avait assez de voir son neveu numéro deux. Il fallait passer à la vitesse supérieure, et le joueur n'avait rien dit.
L'hispanique n'avait pas cessé de le regarder. Il était tellement différent... si féroce sur les cours et tellement chétif à la sortie. Les gouttelettes d'eau ruisselaient sur le corps du numéro un pour finir leurs courses à même le sol, créant une légère marre autours de lui.
- Je suis désolé...
Roger souleva son sourcil droit, surprit d'entendre sa voix briser aussi impunément le silence. Et pour dire quoi ? Qu'il était
désolé ? Désolé d'être plus fort que lui ? Ce jeune Majorquin avait vraiment tout pour être insolent. Le battre était une chose, s'en excuser signifiait qu'il le trouvait lamentable. Un rictus de dégoût s'initia sur les lèvres du suisse alors que le plus jeune redressait son visage. Les joues humidifiées par ses pleurs.
Oui, il avait le droit de pleurer. Non, pas alors qu'il avait gagné. Non, pas devant lui. Surtout pas devant lui. Le regard de l'aîné s'assombrit.
Il se baissa pour ramasser ses vêtements et ignora le jeune espagnol alors qu'il enfilait son linge sec et propre qu'il retirait de son casier.
- Je... je ne voulais pas... je ne veux pas...
Il savait pertinemment qu'il parlait plus au mur qu'à son aîné. Il le voyait bien à son attitude qu'il ne l'écoutait pas. Au plus profond de son être, il savait aussi qu'il n'avait pas très envie de parler. De lui parler, encore couvert de honte, de peur qu'il ne réagisse extrêmement mal à ses paroles. Seulement, il ne voulait pas perdre le contact avec le suisse. Comment pouvait-il le formuler, parvenir à le prononcer alors qu'il n'avait aucune attention ?
- Rogelio... je ne veux pas perdre... te perdre...
Il le souffla tellement doucement qu'il eut de la peine à s'entendre. Mais il constata que l'autre joueur l'avait bien perçu.